Questionnement sur l'IT CMA CGM suite au CSE du 28 mai 2020

04/06/2020


 

Lors du CSE de  l’établissement de Marseille du jeudi 28 mai 2020, une présentation nous a été faite par notre Directeur IT. Plusieurs sujets abordés lors de la présentation n’ont pas manqué de susciter de vives réactions parmi vos élus FO.

A commencer par la façon dont le Directeur IT s’est présenté, évoquant ses fonctions de CIO chez APL à Singapour avant de rappeler ses présentes fonctions au sein du Groupe, sans faire mention du fait qu’il a été responsable du Projet SAPHIR côté IT de son commencement en 2013 jusqu’à sa nomination en 2017 comme Directeur Core IT (le projet étant toujours dans son nouveau périmètre plus élargi).

Vos élus FO ont demandé à ce que leur soit fourni le détail des coûts du projet SAPHIR, dont notamment le budget initial, l’ensemble des coûts relatifs au projet, ainsi que le récapitulatif du scope initial, tout ce qui a été abandonné par rapport à celui-ci, et enfin, la liste des modules réellement livrés (reste encore à savoir lesquels parmi ceux-ci seront véritablement utilisés, ou utilisés à leur juste mesure, et pour combien de temps…).

 



 

Il s’agit de faire un bilan factuel et transparent de ce projet qui pourrait non seulement être une gabegie financière, mais également un énorme gâchis de ressources humaines - internes notamment. Il est important de pouvoir identifier les éventuelles erreurs stratégiques et d’en tirer les leçons afin d’éviter qu’elles ne se reproduisent. Nous ne manquons pas de nous étonner que les responsables IT et métiers initiaux du projet, qui l’ont quitté après plusieurs années et au moment le plus délicat, aient été remerciés de ce qui est, en puissance, un échec, par de belles promotions…

Charge à d’autres de sauver ce qui peut l’être et d’assumer les conséquences !

 



 

Lorsque le Directeur IT nous informe de la création d’une équipe en Inde d’une cinquantaine de collaborateurs afin de « sécuriser l’expertise interne en étant moins dépendants de certaines prestations externes », nous l’interrogeons sur le pourquoi de la localisation en Inde.

Un endroit stratégique nous dit-on, mais il est tout de même amené à reconnaître que c’est pour remplacer des prestations externes effectuées au siège à Marseille, au niveau du Core IT.

Que penserait notre Ministre de l’économie et des finances, Bruno Lemaire, du fait que la CMA CGM, entreprise française dont le siège social est à Marseille, crée de l’emploi en Inde plutôt qu’en France alors qu’elle vient d’obtenir une garantie de l’état pour un prêt d’un milliard d’euros ?

Que penserait notre Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche de l’Innovation, Frédérique Vidal, si elle entendait le Directeur IT CMA CGM justifier le recours à la main d’œuvre indienne parce qu’on trouve, en Inde, des compétences informatiques qu’il est impossible de trouver en France ? Autant pour toutes nos grandes Ecoles et Universités !

 



 

Concernant Infosys, ce n’est pas de l’offshoring mais de l’outsourcing nous précise-t-on…  De l’outsourcing avec une société indienne, qui fait venir de nombreux indiens sur site, au siège, à Marseille… Là encore on ne cesse de s’interroger sur les économies annoncées et mises en avant comme justification du juteux contrat décroché par Infosys. Tout comme du recrutement par la suite au siège de CMA CGM d’anciens cadres dirigeants d’Infosys… Une certaine forme de conflit d’intérêt n’est-elle pas à craindre ?

Et pour finir, quid des emplois qu’Infosys s’était engagé à créer à Marseille ? Il y en aurait eu, mais on ne sait pas nous dire combien. Par ailleurs, le peu de cas que nous connaissons pour notre part sont des personnes de CMA CGM recrutées par Infosys. Là encore cela mérite des informations plus précises que nous avons demandées.

 



 

Nous réclamons régulièrement en CSE une analyse du retour sur investissement du recours à une main d’œuvre off-shore en lieu et place de main d’œuvre locale (qui est loin de ne concerner que l’IT du siège), non seulement pour la partie économique mais également en analysant l’impact sur la productivité, la fluidité et l’efficacité du travail, et la qualité de celui-ci. Tous ces critères doivent être pris en compte dans l’analyse, mais nous ne voyons toujours pas le début d’une telle analyse se profiler.

Serait-ce parce que, en se posant les bonnes questions, on risque d’obtenir de vraies réponses, et par là même d’être confronté à la vérité et à l’évidence, celle que bon nombre de salariés vivent au quotidien…  Lourdeur des processus, difficultés de communication et de compréhension, perte de compétences, méthodes de travail inadaptées et inefficaces, perte de temps et d’efficacité, détérioration des conditions de travail…

 



 

Au vu déjà des conséquences à court terme de certains choix stratégiques évoqués précédemment, nous sommes particulièrement inquiets quant aux effets potentiels à moyen et long terme de ceux-ci, s’ils venaient à ne pas être remis en cause, en dépit des retours d’expérience qui nous sont rapportés de toute part et dont nous espérons, a minima, qu’il est fait état en toute transparence auprès de notre Présidence.